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Aimer et être aimé à l'école , Marie-Chantal DANIEL , Christine JOURDAIN

Expliciter des valeurs au cœur de l’acte pédagogique

Dans le cadre d’un voyage de formation au Québec, une cinquantaine de chefs d’établissements, d’enseignants, de personnes ressources d’un réseau d’établissements catholiques, le réseau AGI, « découvrent » en 2009 un formateur, Jim Howden, et une formation, « Apprendre à coopérer, coopérer pour apprendre », qui est davantage que la mise en place d’une pédagogie coopérative que nous connaissons par ailleurs. De retour en France, et après la mise en pratique, des sessions d’approfondissement avec Jim, des mutualisations entre collègues, des retours sur pratiques, une recherche action et un nouveau voyage d’étude au Canada, la richesse et la particularité de cette pédagogie apparaissent clairement : c’est « l’explicitation des valeurs ».


En deux mots : l’explicitation des valeurs, c’est, au moment de se lancer dans un apprentissage que l’on va mener en coopération, le fait de présenter aux élèves (quel que soit leur âge, de la maternelle au post-bac) une ou deux valeurs à mettre en œuvre lors de cette séance d’apprentissage, valeurs nécessaires à la coopération et qui seront choisies en fonction des besoins identifiés dans la classe et de la structure. Les valeurs qui sont le plus souvent énoncées sont l’entraide, l’ouverture aux autres, l’empathie, la démocratie, l’engagement, le plaisir, le droit à l’erreur. Ces valeurs sont énoncées par le professeur ou choisies par la classe.


L’explicitation des valeurs, c’est, au moment de se lancer dans un apprentissage que l’on va mener en coopération, le fait de présenter aux élèves (quel que soit leur âge, de la maternelle au post-bac) une ou deux valeurs à mettre en œuvre lors de cette séance d’apprentissage, valeurs nécessaires à la coopération et qui seront choisies en fonction des besoins identifiés


Ces valeurs énoncées et affichées sont ensuite explicitées, c’est-à-dire illustrées par des « habiletés socio-relationnelles » que l’on souhaite voir vivre dans sa classe. Par exemple, pour l’ouverture aux autres, « J’écoute l’autre jusqu’au bout », « Je dis poliment mon désaccord s’il y en a un », « J’encourage mes coéquipiers à donner leur avis », « Je suis capable de me laisser déplacer. » On prend le temps d’apprendre aux élèves à coopérer en leur donnant des « outils » adaptées selon l’âge. En cours de séance, si c’est nécessaire, quand le professeur observe des dysfonctionnements dans l’équipe, il va redire les valeurs et les habiletés choisies et demander à l’équipe de prendre un temps de recul avant de se lancer à nouveau dans l’exercice proposé.
La mise en œuvre de ces habiletés dans la classe sera, à la fin de la séance, relue par un temps de rétroaction mené avec le professeur.


Ce processus, repris à chaque séance de coopération, permet aux enfants, aux jeunes mais également aux adultes (quand on le fait vivre dans des concertations), d’être sensibilisés à ces valeurs, de les comprendre, de les vivre et, ce faisant, de les intégrer. « Je voudrais, qu’au fronton de nos écoles, soit écrit : ici on enseigne l’art de la Rencontre », disait Albert Jacquard. Les professeurs qui ont adopté cette façon de faire en classe sont unanimes pour dire que le climat est plus serein, que les élèves sont plus engagés, que chacun trouve sa place, est écouté et respecté, que le plaisir est au rendez-vous pour les élèves et leur professeur. Ce qui contribue pour l’enfant d’aimer et être aimé à l’école.


BIBLIOGRAPHIE

L’explicitation des valeurs au cœur de l’acte pédagogique, sous la direction de Christine JOURDAIN, Marie-Chantal DANIEL et Guy LE BOUËDEC, Chronique sociale, 2018

Dans tout acte d’enseignement, il y a une dimension d’éducation sous-tendue par une visée de valeurs plus ou moins explicitées. Toutefois, le plus souvent, et principalement dans l’acte pédagogique proprement dit, ces valeurs demeurent implicites. C’est une telle explicitation au coeur de l’acte pédagogique qui a été expérimentée au cours d’une recherche-action : le présent ouvrage se propose d’en rendre compte dans les grandes lignes et surtout d’en tirer des enseignements pour l’Éducation morale et civique. L’intérêt de la démarche présentée est de rejoindre des préoccupations considérées comme urgentes aujourd’hui autour de cette éducation. Ce livre apporte des éclairages à des questions comme : quels sont les enjeux de l’explicitation des valeurs, quels effets produit-elle, quelles en sont les conditions ? De quelles valeurs s’agit-il, toutes les valeurs se valent-elles, peut-on fonder une morale les valeurs ? Comment conduire concrètement l’explicitation, quelle cohérence avec le projet éducatif de l’établissement et les préconisations de l’Éducation nationale ?

Cette expérimentation et ce travail sur l’explicitation des valeurs ont été effectués sur des séquences de pédagogie coopérative initiée par Jim Howden (Québec).

Les auteurs pensent et espèrent que leurs collègues enseignants de tous niveaux scolaires non seulement trouveront dans ces pages matière à penser et repenser la transversalité de l’Éducation morale et civique mais aussi se sentiront incités à expérimenter et enrichir l’explicitation des valeurs. Ils pensent également que les responsables, à quelque niveau que ce soit, formateurs, conseillers pédagogiques, inspecteurs, chefs d’établissement, etc. pourront y trouver des pistes pour concevoir leur responsabilité éducative dans ce champ essentiel qu’est l’Éducation morale et civique.

Les postures éducatives, Guy LE BOUËDEC, Titoun LAVENIER et Luc PASQUIER, L’Harmattan, 2016

L’expression « postures éducatives » désigne les grands types de relation qu’un éducateur (parents, professeur, formateur…) peut adopter en fonction des finalités qu’il poursuit. Le plus souvent, ces modes de relation restent implicites sinon secrets. Cet ouvrage prend le parti de les expliciter afin de libérer la créativité éducative. On distingue six postures regroupées d’une part en postures interindividuelles : l’autorité, l’accompagnement, la négociation et le conseil, et d’autre part en postures à l’égard de groupes : l’animation et l’orchestration. L’éducateur est invité à les adopter toutes à un moment ou à un autre, donc à varier son type de relation, à « circuler » dans les postures, afin de créer des espaces de liberté pour les éduqués. Chaque posture est définie par les actes qui l’expriment, l’anthropologie qui la sous-tend, la finalité qu’elle poursuit et le principe éthique qui lui donne sens. Cette approche originale semble de nature à répondre à bien des défis de l’éducation d’aujourd’hui : éducation morale et citoyenne, formation à la créativité et à l’innovation, apprentissage de la coopération… Les auteurs, Guy Le Bouëdec, Titoun Lavenier et Luc Pasquier, sont des universitaires spécialisés dans les questions de formation et d’éducation (Angers et Lille), formateurs et consultants.

La pédagogie coopérative, Yviane ROULIER, Jim HOWDEN, Chêne Lierre Éducation, 2009

Mettre en œuvre la pédagogie coopérative en exploitant chacune de ses facettes : quelle aventure ! Chaque enseignant, du préscolaire à l’université, et chaque intervenant  en formation continue, gagne à intégrer cette approche dans sa classe pour y améliorer entre autres le climat, l’estime de soi des apprenants ainsi que l’efficacité des apprentissages individuels. Cet ouvrage est un témoin de la facette vivante, créative et évolutive de la pédagogie coopérative. Il constitue également un soutien à l’enseignant sur son chemin de pratique par la transmission de bases théoriques et expérientielles solides. Il vise à compléter les écrits existants en faisant des ponts entre des contextes, des individus et des réalisations, par le biais de la narration de vécus contrastés. Il traite de quelques composantes essentielles de l’approche et suggère des éléments de réponse à des questionnements fréquents en alliant fondements théoriques, apports de la recherche et connaissances d’expérience.

Édito « Quelle liberté à l’école ? »

par Baptiste JACOMINO
« Quelques semaines après avoir été nommé pour la première fois chef d’établissement, je rejoins les élèves de Terminale de mon lycée à la campagne, pour la conclusion de deux journées de récollection qu’ils viennent de vivre. J’entre dans la salle où ils sont rassemblés. Ils sont debout. Ils discutent, ils rient. [...] »

Entretien avec Rémi Brague

par Géraldine MAUGARS
« Que tout homme, indépendamment de son sexe, de son statut social (libre ou esclave), de son appartenance au peuple élu ou non (Juif ou « grec »), ait reçu de son rachat par le sacrifice du Christ une dignité qu’il ne peut plus perdre, c’est ce que dit saint Paul (Galates, 3, 28). [...] »

Le bol de riz est-il obligatoire ?

par Chahina BARET
« Déléguée de tutelle des sœurs du Saint Sacrement, j’apprends au détour d’une conversation dans un établissement du second degré que le bol de riz sera obligatoire pour tous ceux qui mangeraient ce jour-là à la cantine. Les autres seraient donc tenus de manger à l’extérieur. [...] »