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Aimer et être aimé à l'école , Henri MIAILHE

Aimer et être aimé à Notre-Dame de l’Ouÿe

AUTEUR


Henri MIAILHE

NUMÉRO


2023

Située à une heure de Paris, l’abbaye Notre-Dame de l’Ouÿe est une maison du diocèse de Paris qui a pour vocation l’accueil des jeunes et de leurs éducateurs pour découvrir la beauté et la dignité de leur vie intérieure jusqu’à trouver en eux la Joie de la Bonne nouvelle, ainsi que des groupes d’adultes pour une retraite ou un temps fort spirituel.

Extrait de la conférence donnée par le Père Maurice Zundel à l’occasion d’une retraite à Gazir au Liban en 1959 :

Le Père Mac Nabb dont j’ai déjà eu l’occasion de vous parler, avait coutume chaque dimanche dans un parc de Londres, d’exposer les vérités de la foi les rendant ainsi accessibles à tout venant. Un dimanche un homme se mit à faire du chahut de manière à couvrir sa voix et empêcher le Père d’atteindre ses auditeurs. La situation est devenue difficile car elle se répétait chaque dimanche et le Père Mac Nabb, qui naturellement était ennemi de toute violence, ne voulait pas que l’on réduisit par la force son « obstructeur » au silence. Alors un dimanche, il eut cette merveilleuse inspiration de descendre de sa petite tribune, de s’agenouiller devant son contradicteur et de lui baiser les pieds. Ce fut fini, ce fut fini radicalement ! Alors que les paroles du Père non seulement n’étaient pas entendues, mais provoquaient plutôt un rejet, la démarche du Père Mac Nabb a été une manière de dire : « Au fond le Dieu dont je parle, le Dieu dont vous voulez couvrir la voix, le Dieu dont vous ne voulez pas que l’on parle, il est en vous. Il est en vous et il vous rend infini. Il est en vous et il vous glorifie, il est en vous et il vous transfigure. Voilà je suis à genoux devant vous et je vous baise les pieds, comme je le ferais à mon Dieu, parce que justement aux yeux de ma foi, vous êtes Lui, vous êtes Lui ! »

Après avoir lu ce texte un ami m’a écrit : « Quand je me suis mis à la place du Père Mac Nabb qui s’est mis à genoux et a embrassé les pieds de son « contradicteur », la force positive de cet acte sur moi a été vertigineuse. J’ai ressenti physiquement le don d’amour absolu à l’autre. Dans ces moments je m’aperçois que l’exploration de notre humanité est balbutiante » 

À la lecture de ce texte cet ami a fait l’expérience de la puissance de « l’amour de charité » ! « Charité », ce mot aujourd’hui si usé au point de n’être plus que rarement utilisé sauf peut-être de manière péjorative, est souvent synonyme d’aumône et peut être même d’aumône en détournant le regard. Et pourtant il est l’héritier des mots « Agapé » et « Caritas » qui signifient l’amour dont Dieu lui-même aime, l’amour dont nous pouvons aimer Dieu comme Père, l’amour dont nous pouvons aussi aimer nos frères. Mais de quelle manière « aimer de charité » ?

La charité ne consiste pas à éprouver un amour sensible pour qui que ce soit ; la charité ne requiert pas que nous versions des larmes sur la douleur ou la misère d’autrui. Les larmes peuvent être bonnes, l’attrait sensible peut être excellent, mais cela n’est pas en notre pouvoir. Ce qui nous est demandé, c’est un acte de foi dans ceux que nous rencontrons. Et ceci quel quelles soient leurs apparences et éventuellement à travers des apparences repoussantes.

Ce qui nous est demandé c’est de faire un acte de foi en la valeur du premier venu.

  • « C’est une profonde expérience spirituelle que de contempler chacun de nos proches avec les yeux de Dieu et contempler le Christ en Lui » Pape François, Joie de l’Amour, 2016
  • « Aimer de charité » c’est comme un enfantement de Dieu dans une âme humaine qui ne le connaît pas encore, ou qui peut le connaître davantage.
  • « Aimer de charité » c’est donner aux jeunes des moyens pour découvrir l’existence de leur « vie intérieure ».
  • « Aimer de charité » c’est au moins dans un premier temps leur montrer le début du chemin qui les conduira à rencontrer « Celui qui est plus intime à eux-mêmes qu’eux-mêmes ».

C’est ce que Notre-Dame de l’Ouÿe souhaite proposer en « co-construction » avec les cadres des groupes jeunes qui viennent passer quelques jours dans ce lieu remarquable par sa beauté.

Nous proposons à l’encadrement des groupes qui viennent à NDO de construire ensemble un « Accueil » pertinent pour leurs jeunes et orienté vers l’objectif de souligner leur « grandeur » car chacun d’eux est le « temple de Dieu » (1Co 3, 16).


C’est lorsque nous nous découvrons aimés que nous pouvons aimer à notre tour.


Dans ce module, nous pouvons proposer : un temps d’ancrage et de bienvenue, suivi d’un jeu de piste de découverte des lieux, d’une pause conviviale et gourmande suivie de la présentation de l’abbaye puis d’un temps pour apprendre à s’accueillir soi-même. Ensuite nous proposons d’adapter ensemble aux spécificités du groupe nos modules « Ouverture » et « Enracinement ».

Dans le module Ouverture, les ateliers, comme les « méditations accompagnées » apaisent, apprivoisent le silence, aident à vivre le face-à-face avec soi-même.

Dans le module « Enracinement », on trouve le témoignage de Laurent Gay. C’est celui d’un homme qui a longtemps été prisonnier de lui-même à travers la drogue et le cortège de malheur qui l’accompagne, jusqu’à ce qu’il « tombe en Dieu » et découvre avec Lui sa propre grandeur, sa propre liberté, sa propre vie. Il est depuis 15 ans un témoin auprès des jeunes dans les établissements scolaires catholiques. Enfin le « lavement des pieds » proposé aux jeunes et réalisé par leurs encadrants est pour beaucoup d’entre eux un grand moment d’émerveillement, voire de stupéfaction devant une dimension d’eux-mêmes qu’ils ne soupçonnaient pas. Il conduit certains jusqu’à découvrir l’existence d’une Présence qui les habite. La « relecture collective » qui suit brise souvent une densité de silence qui est l’expression d’une véritable découverte, laquelle appelle les questions et demande que soit donné du sens.

L’étape de relecture enrichit et sécurise les jeunes.


Ce qui nous est demandé, c’est un acte de foi dans ceux que nous rencontrons.


En effet après avoir ouvert reste la question de savoir comment nourrir ? Il s’agit de savoir quel est l’attitude que nous devons adopter, l’enseignement que nous pouvons donner, le sens que nous sommes autorisés à proposer…

Notre-Dame de L’Ouÿe accompagne l’encadrement des groupes de jeunes pour les aider à s’émerveiller du fait que la présence de Dieu habite chaque jeune et à participer à la création d’un environnent susceptible de leur faire faire l’expérience de la réalité et de la puissance de « l’amour charité », car c’est lorsque nous nous découvrons aimés que nous pouvons aimer à notre tour.

Édito « Quelle liberté à l’école ? »

par Baptiste JACOMINO
« Quelques semaines après avoir été nommé pour la première fois chef d’établissement, je rejoins les élèves de Terminale de mon lycée à la campagne, pour la conclusion de deux journées de récollection qu’ils viennent de vivre. J’entre dans la salle où ils sont rassemblés. Ils sont debout. Ils discutent, ils rient. [...] »

Entretien avec Rémi Brague

par Géraldine MAUGARS
« Que tout homme, indépendamment de son sexe, de son statut social (libre ou esclave), de son appartenance au peuple élu ou non (Juif ou « grec »), ait reçu de son rachat par le sacrifice du Christ une dignité qu’il ne peut plus perdre, c’est ce que dit saint Paul (Galates, 3, 28). [...] »

Le bol de riz est-il obligatoire ?

par Chahina BARET
« Déléguée de tutelle des sœurs du Saint Sacrement, j’apprends au détour d’une conversation dans un établissement du second degré que le bol de riz sera obligatoire pour tous ceux qui mangeraient ce jour-là à la cantine. Les autres seraient donc tenus de manger à l’extérieur. [...] »