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Aimer et être aimé à l'école , Baptiste JACOMINO

Édito « Aimer et être aimé »

NUMÉRO


2023

S’il revient aux écoles catholiques de n’être pas seulement catholiques pendant les heures de catéchèse et de célébration, mais aussi le reste de la journée, pendant la récréation comme en cours de mathématiques, la question se pose de savoir en quoi consisterait cette catholicité. En quoi une récréation ou un cours de mathématiques peuvent être porteurs d’un souffle, d’une lumière, d’un style chrétien ? Nous ne prétendons pas faire le tour de cette question immense. Il s’agit plutôt d’explorer une piste de réponse par quelques touches de réflexion, quelques témoignages, quelques recherches théoriques. Parce que la parole d’amour que le Christ nous a laissée en héritage est au cœur de notre foi, on ne saurait imaginer une école véritablement catholique qui ne mettrait pas l’amour en son cœur. Une école catholique serait une école où aimer et être aimé.

C’est à cette perspective qu’est consacré le premier numéro de la nouvelle revue le Maître intérieur. Elle ne vise en aucun cas à porter une parole officielle ou unifiée de l’Enseignement catholique. Elle a pour ambition, plus modestement, de permettre à ceux qui, dans les écoles catholiques, innovent et réfléchissent de façon ambitieuse, d’en rendre les fruits publics et d’obtenir par là au passage un peu de la reconnaissance qui fait si souvent défaut aux acteurs engagés en éducation. Le résultat est très hétérogène et nous croyons que cette hétérogénéité est féconde en ce qu’elle est porteuse de rencontres, d’inattendu et d’aventures nouvelles.

Conjuguer « aimer » à toutes les personnes

« L’expérience d’un groupe de praticiens : le laboratoire Gnôthi-Seauton. « Aimer » et « être aimé » sont des mots que l’on entend peu en pédagogie. Pourtant, il est difficile de ne pas se questionner sur la dimension affective dans la relation pédagogique, et donc des affects en jeu chez l’élève et l’enseignant. Par ailleurs, les Sciences Cognitives nous apportent des éclairages sur le rôle déterminant des émotions dans les apprentissages. [...] »

De l’intelligence du cœur

« Qu’est-ce que l’intelligence du cœur à laquelle vous avez consacré l’essentiel de vos recherche ? L’objet de mon propos est de vous montrer que l’intelligence du cœur est le fondement de toute intelligence humaine et qu’à ce titre, l’éducation des personnes ne peut se faire qu’à partir du cœur. Pour comprendre cela, il nous faut partir d’une contemplation de l’enfance. J’ai écrit une thèse doctorale intitulée « l’enfant, maître de simplicité » et publiée en 2009. Elle est inspirée en grande partie d’un immense philosophe allemand du XXe siècle, Gustav Siewerth. [...] »

Aimer et être aimé à l’école à la suite de Platon et de saint Augustin

« Le mot amour recouvre plusieurs sens. L’amour se vit différemment selon l’objet : eros est l’amour charnel, philia est l’amitié, agapé est la charité. Eros est un désir ardent d’être uni à une personne déterminée, philia se caractérise par une estime mutuelle. Agapé est l’amour gratuit pour l’autre en tant que personne. Comment l’affection peut-elle régner à l’école alors que l’apprentissage y est contraint ? Comment peut-on aimer quand aucun ne choisit ni rien ni personne ? Et pourtant, on pourrait penser que les élèves pourraient prendre du plaisir à la réflexion et l’apprentissage, que les professeurs transmettraient avec joie leur savoir, que l’école permettrait une construction des relations. [...] »