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Message du Directeur diocésain aux équipes éducatives

© P. GIRAULT/ECA

À l’attention des équipes éducatives des établissements scolaires catholiques de Paris

Depuis début janvier, la crise que nous traversons est devenue particulièrement éprouvante. Votre mobilisation a été exceptionnelle. Le personnel de service s’est trouvé sur tous les fronts. Les professeurs ont eu à assumer la double tâche de l’enseignement en classe et de la continuité pédagogique à distance. En plus de leur charge de travail alourdie, personnel administratif, surveillants, Asem, AESH, se sont joints aux enseignants pour assurer l’encadrement d’élèves dont les professeurs étaient absents. Les circonstances ont nécessité de multiples adaptations. Vous y avez répondu en cherchant à maintenir le maximum de sérénité, de cohésion, en célébrant chaque progrès, l’aboutissement de chaque projet pour donner sens aux efforts. Vos chefs d’établissement, dont je salue ici avec reconnaissance l’engagement sans mesure, se sont dit admiratifs de votre disponibilité, de votre solidarité. Avec eux et au nom des élèves et de leurs familles, je veux vous rendre hommage. La mission a été remplie, de manière remarquable.

Beaucoup sortent fragilisés de cette nouvelle période, parfois épuisés ou découragés. L’anxiété chez les élèves en démobilise certains, en perturbe d’autres. Les familles elles-mêmes peuvent être très déstabilisées et les relations sont plus ardues. Quel est le rôle de l’école dans ces circonstances ? Les attentes à son égard sont nombreuses mais elle ne peut pas tout. Le propre de l’école est d’être une communauté où l’on ne cesse pas d’apprendre des autres et par ses découvertes. Pour faire face avec constance dans les temps qui viennent et qui seront encore difficiles, nous pouvons nous appuyer sur ce que l’expérience nous a appris et tenter de renouveler notre regard.

Du poids des injonctions à la prise d’initiative

S’il est un domaine dans lequel les enseignants et l’encadrement n’ont pas été reconnus au regard de leur autonomie et de leur expertise, c’est bien dans leur capacité à organiser la vie de l’établissement en sécurité. Le « cadre de fonctionnement » de cette année scolaire, simplifié en quatre niveaux, n’a pas tardé à être décliné en multiples protocoles. On comprend la nécessité d’adapter les mesures pour que l’école reste ouverte. Mais cet objectif à lui seul ne suffit pas. La consigne descendante, jusque dans les détails, n’est pas la seule réponse. Et la tyrannie de l’immédiat n’est pas vivable.

Trop souvent, nous avons appris les changements de protocole dans la presse, bien avant qu’ils nous soient notifiés officiellement. En réalité, ces changements pouvaient tout à fait attendre quelques jours, de quoi se concerter, s’organiser, communiquer. L’enjeu n’est pas seulement de se donner du temps ; il est de redevenir auteur, de prendre ses responsabilités. Après concertation, beaucoup de chefs d’établissement ont fait le choix d’adapter à la configuration de leur établissement ce qui n’était en fait que des règles générales. Certains ont décidé de fermer une classe sans en attendre l’instruction. Tout en restant rigoureux sur les règles essentielles d’hygiène, d’autres ont eu à cœur de ne pas durcir les consignes mais de promouvoir de bonnes attitudes dans une perspective éducative. La Direction diocésaine soutient ces initiatives et la logique qui les sous-tend. N’est-il pas plus productif, par exemple, de renforcer la sensibilisation des parents à leur responsabilité plutôt que de se livrer à des contrôles de pure forme ? Bon sens, responsabilité et adaptation resteront nos maîtres-mots.

De la seule transmission des connaissances à l’éducation de l’être

Il ne suffit pas que l’école reste ouverte ; il faut encore qu’elle remplisse sa mission d’éducation. On n’enseigne pas un élève qui n’est pas en état d’apprendre. Vous avez dû adopter de nouvelles stratégies d’enseignement et multiplier les signes d’encouragement envers certains élèves. À l’opposé, d’autres vous ont surpris par leur motivation et leur implication dans l’enseignement à distance ; l’obligation d’être plus autonome leur a été bénéfique. Dans toutes ces situations, c’est la personne qui a été remise au centre.

Les conditions nouvelles nous ont confirmé l’importance de compétences transversales au-delà de la transmission classique du savoir, à laquelle elles ne s’opposent pas. L’empathie, la capacité à résoudre un problème, à s’entraider ou à formuler une pensée critique sont des habiletés foncièrement humaines. Devoir y consacrer nos efforts ne nous dévie pas de notre tâche. Faire grandir l’être humain dans toutes ses dimensions est notre finalité. Les défis actuels nous offrent l’opportunité d’y contribuer de manière nouvelle et d’augmenter notre expertise.

De l’adaptation aux circonstances à la vision à long terme

Individuellement et collectivement, nous souffrons aujourd’hui d’un manque de perspective. C’est particulièrement vrai chez les jeunes dont la dégradation de la santé mentale nous inquiète. Adultes, nous avons davantage qu’eux la capacité à prendre du recul, à lire le sens des évènements et à voir plus loin. La dignité de notre mission est de le manifester. Prenons soin d’échanger entre nous et avec nos élèves sur ce que nous comprenons, nos questions, ce à quoi nous tenons, les convictions qui nous aident à vivre et nous donnent du souffle.

Nos besoins sociaux ne se réduisent pas à la convivialité, qui nous a bien fait défaut. Ce sont des raisons de vivre que nous recherchons à travers nos rencontres. L’acte d’enseigner et d’éduquer ne se limite pas à une transmission d’information. Il est marqué par notre personnalité et nous engage avec notre conscience pour atteindre la conscience d’un élève. Dans ce dialogue intérieur se joue notre compréhension du monde, notre recherche de la vérité. C’est ici la clé d’un apprentissage qui restera profondément ancré. C’est aussi là que Dieu peut parler. N’ayons pas peur de prendre du recul avec nos élèves, de leur faire un retour sur leur travail et de les écouter, de les aider à élever leur regard au-delà des évènements présents. Et pour cela, cherchons ensemble à développer notre vision à long terme des enjeux de notre métier.

Au sein de l’équipe diocésaine, nous partageons la conviction que nous ne vivons « pas une époque de changements mais un changement d’époque » comme l’évoque souvent le pape François. Cela nous offre des opportunités pour transformer notre regard, progresser et faire des découvertes heureuses. Cette conviction nous guide dans notre travail avec les chefs d’établissement ou encore les actions de formation que nous proposons.

Ensemble, toutes catégories de personnel confondues, nous avons la chance d’œuvrer à la réussite éducative des jeunes. C’est une contribution inestimable. La société en a eu une conscience accrue ces derniers mois. Ne nous laissons pas priver de la joie de cette responsabilité.

À quelques jours des vacances d’hiver, je vous souhaite à toutes et à tous un repos réparateur.

Paris, le 16 février 2022,

Jean-François Canteneur
Directeur diocésain de l’Enseignement catholique de Paris

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